C'était une grosse Mercedes noire aux vitres teintées et jantes alu.
Elle stoppa à une dizaine de mètres de ma cachette, et il en sortit trois grands chinois blancs et blonds avec les yeux bleus pas bridés du tout, et ils parlaient Russe.
Comme j'avais pris des cours de Russe via le CNED, celà me permit de comprendre que dalle à ce qu'ils disaient.
Au bout de quelques minutes, j'entendis ce qui semblait être une deuxième voiture s'approchant. Tout portait à croire que cet entrepôt allait être le lieu de rencontre de grands pontes du milieu de la pègre. Mauvais présage...
Surgit alors une Fiat Punto 95 couleur caca d'oie qui s'arreta non loin des Russes ( En fait c'était des Russes, me dis-je ) et en sortit un belge rougeatre qui leur demanda si c'était ici Carrefour. En voyant la gueule que leur tira les Russes, il dut se dire que ça ne devait pas être ici et il repartit aussitot.
Quelques instants après apparut une Subaru blanche avec un rond rouge au milieu du capot.
Il en sortit deux Russes jaunes et bruns avec les yeux bridés qui parlaient japonais.
Les deux groupes se rencontrèrent, et ils commencèrent à parler en Français. Un des blonds commença :
"J'espère que vous avez ce que nous voulons, camarades. On ne veut pas de marchés douteux juste bon pour ces infames capitalistes. -Le grand Yokomoto disait : Il n'y a de ruisseaux plus paisibles que celui où coule le Saké, lui répondit un des bruns. Celà n'a aucun rapport avec notre sujet, mais j'aime beaucoup cette phrase, continua-t-il, faisant ainsi un gros bide. -Pouvons-nous voir les armes ? Reprit l'autre brun. -Suivez-moi derrrrièrrrre voiturrrre, dit-alors un autre Russe avec un accent à chier."
Ils sortirent deux grosses malettes et les ouvrirent, exhibant ainsi une ribambelle de AK 47 et quelques Dragunov ( c'est des fusils de précision, incultes ! ).
Un des Yakuzas dit alors qu'il manquait quelque chose, c'est alors que le plus petit des Russes ( surement le chef ) sortit un coffret où logeait un magnifique pistolet en or Gold Eagle à double canon blindé de gadjets tir automatique-visée laser-lunette telescopique-grand chargeur-distributeur de Fanta.
Le Japonais scruta l'arme, totalement béa devant ce que l'on a fait de plus beau pour tuer son prochain, et dit au Russe que Loko Chan Chi Tchong serait content de son arme. Et qu'il en recommanderait d'ici peu si son plan se déroule bien.
LOKO CHAN CHI TCHONG ? Qui c'est celui là ? Des Yakuzas qui achètent des armes pour le compte de quelqu'un d'autre que Ho-Jing-Yen, ça sent pas bon. Ni pour les Mentana, ni même pour les Yakuzas.
La voix très forte ( style camionneur bourré ) d'un des Russes interrompit mes pensées confuses :
" Nous avons montré nos armes, maintenant c'est vous qui devoir montrer notre paquet."
Le Yakuza acquieça et il ouvrit le coffre de sa voiture...
A l'intérieur du coffre, il y avait un homme attaché avec un sac sur la tête. Ils le mirent debout et lui enlevèrent le sac. C'était Couscous Bin Cadim Mustaka, dit le Zetla Lover, un vendeur de femelles très connu dans Perpignan. Je le connaissais car c'était à lui que j'avais acheté feu Gouinette, mon ex-soeur.
Né en Tasmanie d'une mère Ukrainienne et d'un père Bolivien, il embrassa la Foi musulmane après avoir vu le film Ali avec Will Smith, puis sa suite, Ali G.
Il se mit à vendre des filles après la crise de 2006 ( Epoque noire pour Perpignan, où une horde de barbares venue de Montpellier vint dans nos villes et nos campagnes pour voler nos femmes. ) et devint donc très riche, vendant toujours de la marchandise de qualité. Son slogan était devenu célèbre jusqu'au Brésil ( Zetla Lover, c'est pour les connaisseurs ) et il fournissait même certains députés de Toulouse.
Un grand homme ce Jojo des dunes.
Malheureusement pour lui, il semblerait qu'il se soit attiré des ennuis. A peien le sac retiré, il criait que il voulait rien savoir et que de toute façon même si c'était lui qu'ils voulaient, bah lui c'était pas lui et qu'ils avaient confondu.
Ils lui mirent donc un sparadrap sur la bouche en disant que c'était bien lui qu'ils voulaient.
Les Russes le mirent dans la Mercedes en lui disant des mots doux, genre "tu va beaucoup aimer torturrrres soviétiques" Et ils donnèrent les mallettes d'armes aux Yakuzas. Puis tout ce beau monde partit dans la nuit.
Je me retrouvais de nouveau seul dans l'entrepôt, et je recogitais dans ma tête toute la scène dont j'avais été témoin, mes questions les plus confuses tournant autour de ce certain Loko Chan Chi Tchong. Je pensais intensément, les yeux fixés sur l'objectif de la caméra de surveillance qui pointait pile l'endroit où j'étais caché.
"Et Merde... Bon , de toute façon ils pourront pas me reconnaître sous mon déguisement. Me dis-je en grattant l'étiquette de la foire aux Olives de la semaine dernière avec mon nom écrit dessus collé sur ma chemise et que j'avais oublié d'enlever...